Avec Adrien Grant Smith Bianchi, il lançait en 2015 une première collection de cartes et d’affiches viticoles. Dix ans plus tard, retour sur un succès qui ne se dément pas. Bien au contraire…
Comment vous êtes-vous lancé ?
Sans réelle arrière-pensée à vrai dire. Adrien et moi avons suivi ensemble des études de communication et de graphisme. Lui vient de la vallée de Loire ; moi, de Bordeaux. Deux belles régions viticoles. Du coup, à 19 ou 20 ans, on s’est assez naturellement intéressé au vin, au gré de salons, de visites de domaines… Je me souviens notamment d’une dégustation à l’aveugle organisée par mon père. J’avais trouvé ça rigolo. Bref, de fil en aiguille, on tombait çà et là sur des cartes viticoles. Elles étaient à nos yeux un peu ternes, un peu vieillottes. Mais, ce type de représentation nous parlait. Suffisamment pour qu’on s’amuse, comme ça, à imaginer un premier lot de cartes. Leurs couleurs, plus vives qu’à la normale, plaisaient aux sommeliers et autres professionnels du vin auxquels on les montrait… En 2015, La Carte des Vins s’il vous plaît était créé autour de cartes pliantes, façon Michelin ; puis, très vite, d’affiches, que l’on distribuait nous-mêmes de manière assez artisanale. Jusqu’à ce que les équipes de Marabout nous repèrent et commandent un Atlas des Vignobles du Monde. Depuis, d’autres ouvrages ont suivi et plus de 250 cartes ont été éditées, sur des vignobles en France comme à l’étranger, mais aussi sur les cépages, les robes du vin, ses arômes…
Quelles connaissances du vin avez-vous ?
On lit beaucoup, on parcourt les salons, on visite chaque mois des domaines, on passe du temps avec les vignerons… Bref, on se nourrit de tous ces échanges.
Ce sont ces conversations qui vous guident dans votre choix de réaliser telle ou telle carte ?
Bien sûr, oui. Mais pas seulement. Au fil de nos discussions avec des cavistes, des œnologues et d’autres professionnels du vin, de nouvelles idées de carte s’imposent, de manière immédiate ou petit à petit. Des clients, rencontrés par exemple sur des salons, nous suggèrent à leur tour des pistes de création…
Une fois le sujet arrêté, comment réalisez-vous concrètement la carte en question ?
Moi, je m’occupe plutôt de la vision et donc de la rédaction. Adrien lui se consacre davantage à la création. Dans ce domaine, les contours des cartes existent le plus souvent, même s’ils sont parfois difficiles à trouver. Nous, nous allons apporter notre style, une vision plus artistique inspirée à la fois de l’univers des anciennes planches d’école et d’une palette de couleurs plus actuelles, dans sa diversité comme dans son côté plus lumineux. Un véritable ping-pong d’idées se met en place entre nous. Ensuite, une fois le produit fini, Charlie Garros, qui est à nos côtés depuis huit ans maintenant, gère la partie distribution.
Et, actuellement, sur quels projets travaillez-vous ?
Cela fait deux ans que la Maison Albert Bichot, à Beaune, nous a demandé de réaliser les cartes de ses vignobles. Elles seront prêtes au printemps. On consacre aussi pas mal de notre temps à un livre sur les bières du monde, qui sera publié à Noël, chez Marabout… Même si 90% de notre activité porte sur le vin, notre curiosité va bien au-delà. On se considère davantage comme des acteurs de la gastronomie liquide ; et, pas uniquement sur la France. L’Espagne, le Portugal, la Grèce… : plein de pays ont des choses à dire sur ce segment, sans avoir souvent le fonds de cartes utiles. Il y a beaucoup à faire là-bas. Nous voulons en être…