Rencontre avec Jérôme Galeyrand

Installé à Gevrey-Chambertin depuis le début des années 2000, ce vigneron exploite un domaine de plus de 5ha en Côte de Nuits, sur une demi-douzaine d’appellations, dont bourgogne aligoté, qu’il défend passionnément, aux côtés de ses collègues de l’association Les Aligoteurs… 

L’aligoté revient de loin…

Tout à fait ! Pour le grand public, il rime avec kir, indissociable qu’il serait de la crème de cassis. Heureusement, les choses changent. Il y a moins de 10 ans, les journalistes et les dégustateurs, anglophones en premier, ont commencé à plébisciter les aligotés de bonne facture pour ce qu’ils sont. De sympathiques blancs de terroir, frais et mûrs, au nez de fruits, jaunes ou blancs. À l’opposé donc des idées reçues sur des vins acides appelant nécessairement la sucrosité d’une liqueur…

Comment expliquez-vous ce succès ?

D’abord, l’aligoté est resté accessible avec le temps, tant en termes de prix que de profil. Ensuite, le cépage se révèle particulièrement adapté au réchauffement climatique en cours. Malgré ces conditions, les vins ne pas montent trop haut en alcool et conservent leur acidité. Enfin, il n’est pas nécessaire de devoir attendre 10 ans pour les apprécier, même ils se prêtent aussi à la garde.

S’agissant de l’aligoté, le couple cépage/terroir est souvent mis en avant…

Et pour cause, il est à l’évidence un véritable révélateur de terroirs, en particulier ceux aux sols caillouteux et légers. L’an dernier, un célèbre domaine de la Côte de Beaune a ainsi replanté 10 ares d’aligoté au milieu du Grand Cru charlemagne. C’est dire !

Comment travaillez-vous vos aligotés ?

Les baies sont pressées à la verticale, avant d’être vinifiées sans soufre. Les vins sont ensuite élevés en fûts, avec très peu de bois neuf et encore moins de bâtonnage les années chaudes.

Et Les Aligoteurs dans tout cela ?

Créée en 2018, à l’initiative du chef Philippe Delacourcelle, cette association réunit une cinquantaine des meilleurs producteurs d’aligoté, afin de présenter ces vins sous leur meilleur jour. Dans cette quête, nous organisons un salon réservé aux professionnels, dont la prochaine édition se tiendra le 13 mars à la Grange de Saulx de Gilly-lès-Cîteaux. À cela s’ajoute la mise en place en 2024 d’un conservatoire de vieilles souches d’aligoté. Des plants issus de vignes de plus de 60 ans, dont les différentes caractéristiques offriront aux vignerons des alternatives plus adaptées et nettement plus variées que les clones actuels. Préserver et déployer cette diversité nous tiennent à cœur.