Rencontre avec Stéphanie Bourgeois

Depuis 2020, cette éditrice de contenus a rejoint Lunii et sa Fabrique à Histoires aux allures de transistor rétro. Retour avec elle sur le succès de cette conteuse interactive, l’une des toutes premières d’un marché aujourd’hui international.

Comment est né Lunii ?

Dans la tête de Maëlle Chassard ! Durant ses études, cette passionnée de contes, légendes et mythes ne pouvait qu’être interpellée par l’omniprésence des écrans dans la vie des enfants. Elle craignait pour leur imaginaire et donc leur capacité, demain, à stimuler leur créativité, se forger un esprit critique, appréhender leurs émotions… D’où l’ambition de réveiller et de cultiver leur imagination. En 2014, cette designeuse de formation et entrepreneuse dans l’âme créait de toutes pièces une conteuse interactive pour les 3 à 8 ans, commercialisée quelques temps plus tard, après avoir été plusieurs fois primée. 

En quoi Ma Fabrique à Histoires est-elle interactive ?

Il ne s’agit pas là d’une simple machine à restituer un récit, mais d’un petit appareil sans Wifi, Bluetooth ni écran, avec lequel interagir pour influer sur la narration elle-même. Dans les différentes aventures de Suzanne et Gaston, nos premières créations, l’enfant sélectionne un personnage principal, un lieu, un objet…, pour que l’histoire correspondante lui soit contée. Sur d’autres formats, développés ultérieurement et principalement pour les plus grands, l’auditeur guide, cette fois, les choix du héros tout au long de sa quête !

Le champ des possibles paraît immense…

Ce format de conteuse permet effectivement d’explorer des créations très variées, de l’adaptation de titres existants, comme Edmond et ses amis chez Nathan, à une carte blanche donnée à un auteur reconnu tel Christophe Mauri ou Laura Nsafou, en passant par des partenariats avec des musées. C’est là l’une de mes missions. Conscients de toute l’attention que suscite Ma Fabrique à Histoires, nous avons imaginé qu’elle pourrait être un formidable outil de médiation culturelle, capable çà et là de donner quelques repères. Pour le musée du quai Branly – Jacques Chirac, par exemple, l’auteur et illustrateur Fred Bernard nous a accompagnés dans l’écriture d’un livre audio invitant les enfants de plus de 3 ans à appréhender des collections des quatre coins du monde à travers la figure animalière… La principale contrainte tient en fait au support lui-même : nos histoires ne se lisent pas ; elles s’écoutent. Nous devons donc constamment veiller à adopter une écriture qui se prête à une lecture à haute voix.

Au travail d’écriture s’ajoute celui du jeu ? 

Tout à fait ! Une fois les textes arrêtés, il convient de sélectionner un studio de production, en fonction de la couleur que nous souhaitons donner à l’album et des comédiens avec lesquels il collabore. S’ensuivent des phases de casting et, enfin, d’enregistrement. Au total, l’édition d’un titre réclame 6 à 12 mois de travail. 

Justement, en dehors des partenariats, de quels types de projet êtes-vous responsable ?

J’ai la charge de la toute la partie éducative des contenus Lunii. Cette année, nous avons ainsi édité un Abcdaire pour aider les plus petits de nos auditeurs à jouer avec les lettres et, ce faisant, à s’approprier l’alphabet. Sur ce même segment pédagogique, des récits mathématiques ont été créés à partir de la collection Kim et Tom chez Hatier : au fil de situations de la vie courante, comme faire les courses ou suivre une recette, l’enfant avance dans le récit en répondant correctement aux questions de calcul posées.

De là à collaborer avec l’Éducation nationale, il n’y a qu’un pas, non ?

C’est d’ores et déjà le cas ! Même si aucun accord n’a été passé avec ce ministère, de plus en plus d’enseignants utilisent en classe Ma Fabrique à Histoires. Au point que nous avons réalisé des kits école réunissant divers exercices d’exploitation de nos albums pour les maternelles.

Un véritable succès en somme ?

Lunii compte en effet une centaine de collaborateurs, plus d’1 million de conteuses vendues, ainsi que 160 titres en français et 170 en langues étrangères. Nous disposons désormais d’antennes en Italie, en Espagne et même aux États-Unis. Mieux, depuis 2 ans maintenant, nous avons rapatrié en France la production de notre Fabrique à Histoires. Sans parler de la passion de nos « Luniiens » de 2014 pour leur conteuse, à l’origine de nos premiers albums pour les 9 ans et plus. Des enquêtes Jeunesse écrites par un maître du genre : Yves Grevet.

Vous avez en tête d’autres albums pour Noël ?

Notre actualité est riche en cette fin d’année. À commencer par deux collaborations avec Disney : Échappe à Scar et Échappe à Cruella. Ou comment revisiter ces grands classiques du cinéma par le biais de leur personnage les plus diaboliques. Je pense aussi au second volume de L’Agence Mouche, écrit en partenariat avec le musée de l’Armée, aux Invalides. Une intrigue tellement palpitante qu’elle inspirera aux lieux un parcours dédié durant les Fêtes… À bon entendeur !