Rencontre avec François Roca

À l’occasion de la prochaine parution de son nouvel album pour grands cosigné avec Fred Bernard, Solveig chez Albin Michel Jeunesse, suivie d’une séance de dédicaces à l’Athenaeum le 19 novembre, cet illustrateur et peintre revient sur son parcours, ses inspirations, son travail…

Comment êtes-vous venu à l’album pour grands ?

Pas vraiment de manière affirmée. Je souhaitais simplement travailler dans l’illustration. J’ai donc intégré l’École nationale supérieure des arts appliqués de Paris puis l’École Émile Cohl à Lyon. C’est là que j’ai rencontré Fred Bernard, futur auteur et ami. En 1996, nous sortions un premier ouvrage ensemble La reine des fourmis a disparu chez Albin Michel Jeunesse, puis d’autres ensuite. Reste que l’envie de nous lancer dans des histoires plus longues, de les illustrer de manière moins enfantine et de s’affranchir des problématiques d’âges, se faisait plus pressante, sans jamais aboutir. Jusqu’à ce que les éditeurs Jacques Binsztok et Brigitte Morel nous le permettent. Grâce à eux, en 2001, Fred et moi signions Jésus Betz, chez Seuil Jeunesse. L’histoire d’un homme tronc. Notre premier album pour grands. Un tournant !

Qu’est-ce qui vous plaisait alors ?

Je pouvais m’exprimer pleinement, me faire mon film. Comme quand j’étais petit, après avoir vu un western à La Dernière Séance d’Eddy Mitchell, lorsque je me racontais mes propres histoires d’Indiens et de cow-boys et que je les dessinais des heures durant.

Justement, quelles sont vos sources d’inspiration aujourd’hui ?

Le cinéma ! Fred et moi sommes fans des vieux films d’aventure, à commencer par les Tarzan de Johnny Weissmuller et Maureen O’Sullivan. Des chocs esthétiques à l’époque. J’adore ! Et puis, bien sûr, il y a la peinture. Les grands maîtres de la fin du XIXe et du début du XXe siècles. Ceux qui sont exposés au Musée d’Orsay. Ce côté réaliste, en dehors des sujets néoclassiques traditionnels…

La liberté que vous offrent les albums pour grands a-t-elle des limites ?

Pas vraiment. Si ce n’est celles que je m’impose à moi-même. J’essaie de dessiner des personnages vivants, expressifs, qui dégagent une émotion. Ce n’est pas évident. Mes illustrations à la peinture à l’huile sont assez figées, par nature, à l’inverse d’histoires souvent riches et mouvementées. Ce sont des arrêts sur images. Chaque album m’en donne droit à 15 ou 16, pas plus. À l’aide du découpage du texte établi avec l’auteur, il m’appartient donc d’identifier, pour chaque page, une manière de l’illustrer de façon simple, synthétique, parlante, attractive… Le choix est pour le moins difficile. Et pour tout dire, jamais pleinement satisfaisant. Malgré 4 à 6 mois de travail par album, j’ai toujours le sentiment que j’aurais pu faire mieux. C’était encore le cas pour Solveig

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce nouvel opus ?

C’est l’histoire d’une Viking en terres iroquoises. Fred et moi aimons beaucoup explorer de nouveaux territoires, de nouvelles époques. Nous nous étions déjà intéressés aux Indiens, mais pas à ces guerriers, navigateurs et marchands des pays scandinaves. Les réunir dans un seul et même album nous portait. Soit la rencontre du punk, en raison des coupes de cheveux des premiers, avec le métal que maitrisait les seconds… Pas mal, non ?

Et demain ?

Dans mon travail, j’alterne entre album et peinture. Solveig étant derrière moi, en ce moment, je peins, pour un salon qui se tiendra en Belgique, en janvier…