Rencontre avec François-Régis Gaudry

À l’occasion de sa séance de dédicace à l’Athenaeum ce mercredi 15 décembre, le journaliste culinaire François-Régis Gaudry se livre : son parcours, ses folles journées, ses repas de Fêtes…

Comment êtes-vous devenu chroniqueur gastronomique ?

Grâce à Okapi ! À 11 ans, un dossier sur les coulisses du journal télévisé d’Antenne 2 (ex-France 2, NDLR) m’avait fasciné. Je voulais devenir Bernard Rapp, son présentateur. C’était décidé ! Des années plus tard, mon diplôme de Sciences Po Paris en poche, j’intégrais les équipes de l’émission « Un jour, un livre », avant de rejoindre Pleine Vie, un hebdomadaire pour les séniors, puis AlloCiné. En parallèle, la cuisine, les chefs, les restaurants… me titillaient. Je commençais du coup à collaborer au guide du Fooding et, à partir de 2002, à L’Express, pour succéder quatre ans plus tard à Jean-Luc Petitrenaud…

Et vos émissions « On va déguster » sur France Inter et « Très Très Bon » sur Paris Première ?

Dans les deux cas, une proposition des chaînes concernées. Qui plus est, la même année : en 2010 ! Idem pour le livre « On va déguster ». Dans ce cas précis, France Inter était une nouvelle fois à l’initiative. La station souhaitait publier un recueil de recettes. Je traînais les pieds. Il y en avait déjà tellement. Et puis la bouffe, c’est aussi de l’histoire, de la géographie, des anecdotes… De là l’idée d’écrire un ouvrage façon miscellanées, nécessitant de fait l’intervention de toute une kyrielle de contributeurs. Une aventure collective, un carton. Je ne l’avais pas spécialement anticipé, en particulier pour l’édition Italie amenée à être traduite en anglais, italien, espagnol, russe, chinois, japonais, coréen… À chaque fois, les planètes devaient être alignées…

Ça ne peut pas être qu’un heureux hasard ?

Non, effectivement. J’ai toujours beaucoup travaillé – de manière obsessionnelle même -. Au début, j’étais peut-être un peu maladroit. Un roquet, un jeune con. Il a fallu m’acheter une légitimité, auprès des chefs et des autres journalistes. D’où une boulimie de projets et, jusqu’à tout récemment, une difficulté certaine à dire non.

Justement, à quoi ressemblent vos journées désormais ?

Ce n’est jamais la même chose, ça change tout le temps. Là, des tournages pour « Très Très Bon » ; ici, un déjeuner, à condition qu’il soit utile, parce que je souhaite tester une adresse ou rencontrer quelqu’un ; plus tard, la préparation de mon émission du dimanche matin sur France Inter… De manière concrète, hier par exemple, j’avais une réunion sur un projet de documentaire pour Arte, suivi d’un point sur les 15 recettes Top Chef à tourner en 3 jours, puis une interview pour un journal, avant de rejoindre mes bureaux à la Maison de la Radio. À longueur de journée, d’heure en heure, je passe d’un univers à l’autre.

Tout cela demande une sacrée organisation ?

Pour tout vous dire, je suis très bordélique ! Je cours après le temps, je planifie deux rendez-vous à la même heure, j’en oublie un troisième… Heureusement, ça s’arrange. J’ai fini par accepter de m’entourer et de déléguer. Mais, je continue de tout faire artisanalement. Comme mes recettes par exemple. J’adore les livres de cuisine, je les feuillette pour France Inter et, lorsqu’une recette m’interpelle, je la teste en famille. Si elle me plaît toujours, j’appelle le ou la chef(fe) concerné(e) pour lui demander l’autorisation de partager sa préparation. Je ne suis pas un cuisinier, mais un passeur.

Avec toute une équipe derrière ?

Oui, des personnes hyper compétentes et fidèles. Alexandra, ma femme, désormais en charge de la production de nouveaux formats vidéo. Charles Pattin O’Coohoon, mon sparring-partner, ma mémoire vive, depuis 8 ans maintenant. Anna, ma super assistante éditoriale. Et toute une série de journalistes, chacun expert dans son domaine. Ça me plaît bien ce côté chef de bande.

Une clique XXL, à voir votre compte Instagram et ses plus de… 250.000 abonné(e)s ?

Pour moi, il s’agit avant tout d’image, mais certainement pas d’argent. Je refuse systématiquement toute collaboration avec les marques. Les réseaux sociaux nourrissent une certaine notoriété, qui se révèle bénéfique tant pour mes livres que dans l’apport de nouveaux projets. Un grand musée parisien me propose ainsi d’être commissaire d’une exposition en 2023 pour laquelle je m’entourerai de tout un arsenal d’universitaires et autres experts. Le collectif encore et toujours…

De là à parler de famille… Comment se passent les Fêtes chez les Gaudry ?

Les cadeaux tournent assez souvent autour de la cuisine et de la table – je reçois systématiquement un couteau dont j’ai choisi la lame et l’essence du manche -. Et l’assiette, elle, va à l’essentiel. Des beaux produits, comme des truffes, des coquilles Saint-Jacques, une volaille…, travaillés de façon assez traditionnelle par ma mère et moi. Pas d’orgie, encore moins d’expérimentation. Bref, ce n’est pas le marathon de la fourchette. Je me mets un peu entre parenthèses…