À l’occasion de la rencontre-dédicace organisée le 16 novembre prochain, de 17h à 19h, à l’Athenaeum, l’auteur du Prince de la Romanée-Contirevient sur son ouvrage entremêlant avec à-propos l’histoire de cette figure de l’aristocratie et celle du prestigieux domaine comme de ses vins.
Qui était le prince de la Romanée-Conti ?
Louis-François de Bourbon, comte de la Marche et duc de Mercœur, puis prince de Conti (1717-1776) était un homme sensible aux idées nouvelles et un grand collectionneur d’art. Cousin de Louis XV, cet aristocrate exceptionnellement doué aurait pu jouer un rôle prééminent dans l’histoire de France si la maîtresse du roi, la marquise de Pompadour, n’en avait décidé autrement.
Qu’apporta-t-il au célèbre domaine ?
Le 18 juillet 1760, le prince de Conti acquit auprès des Croonembourg l’ex-Clos des Cinq Journaux de l’abbaye de Saint-Vivant, baptisé la Romanée lorsque cette famille de noblesse flamande en était encore propriétaire. C’est en achetant cette vigne d’ores et déjà très réputée, pour s’en réserver l’exclusivité de la production, que le prince en fit une légende. S’il donna son nom à ce domaine, sa quête d’excellence à travers une faible production et le respect des pratiques viticoles d’usage l’inscrivit dans cette lignée de propriétaires de vignobles qui incarnent la tradition des Climats de Bourgogne.
Pourquoi l’histoire n’a-t-elle pas retenu cette facette du personnage ?
Les deux seules biographies consacrées au prince de Conti ne citent effectivement même pas le domaine. J’y vois deux explications. D’une part, l’époque a longtemps privilégié les exploits amoureux de cet aristocrate. D’autre part, l’intérêt pour la littérature sur le vin n’est que très récent. Jusqu’au milieu du XXe siècle, ce genre ne motivait ni les experts ni les lecteurs.
Que dire des vins de la Romanée-Conti à l’époque du prince ?
Je consacre tout un chapitre de mon livre à cette épineuse question. Il n’existe à vrai dire que très peu de documents sur ce point précis. Reste que les témoignages réunis, en particulier les notes de dégustation de vieux millésimes, attestent tous d’une incroyable délicatesse dans le toucher de bouche, d’une très grande finesse et d’une complexité aromatique exceptionnelle. Ces qualités demeurent encore aujourd’hui. Elles signent les vins du Domaine de la Romanée-Conti, dans leurs plus belles années telle 1919, 1929, 1945 ou encore 1990, comme dans les plus difficiles, à l’image de 1956 marquée par un terrible gel. À ce niveau, une telle constance tient du miracle !
Justement, Aubert de Villaine, co-gérant du Domaine de la Romanée-Conti, apporte sur ce point des éclairages intéressants, en livrant ses rapports de vendanges pour chaque millésime depuis 1996…
Oui, paradoxalement, à la lecture de ces comptes-rendus, la Bourgogne se révèle être une région assez difficile pour la viticulture. Sa septentrionalité fait régulièrement craindre des millésimes « froids », de ceux dont les raisins peinent à arriver à maturité. Heureusement, le pinot noir atteste d’une incroyable capacité à se satisfaire de quelques rares plages d’ensoleillement en septembre et des souffles du vent du nord pour finalement mûrir.
Et demain ?
En augmentant la probabilité d’atteindre chaque année des températures plus élevées que par le passé, le réchauffement climatique s’avère de fait plutôt bénéfique pour le vignoble bourguignon, en particulier du côté de ses vins rouges. Encore plus pour ceux issus de vieilles vignes cultivées en biodynamie analyse Aubert de Villaine dans son rapport de vendanges du millésime 2019. Sauf catastrophes, l’avenir du Domaine de la Romanée-Conti s’annonce donc radieux…