Rencontre avec Clément L’hôte, auteur

Originaire de Chalon-sur-Saône, ce journaliste spécialisé dans la vigne et le vin, notamment auprès du magazine Bourgogne Aujourd’hui et du site Vitisphere, signe 111 vins de Bourgogne à ne pas manquer. À la clef, une sélection aussi éclectique que finaude…

Comment vous est venue l’idée de ce projet ?

Pour être tout à fait franc, il s’agit d’une commande. Dans la lignée de sa collection de guides de voyage 111 lieux à ne pas manquer, l’éditeur allemand Emons a souhaité explorer le monde du vin. Après un premier opus sur les meilleures cuvées suisses, ses équipes m’ont proposé de travailler sur une sélection bourguignonne, dans ce même format.

Qu’est-ce qui vous a séduit ?

J’ai eu carte blanche et, avec, le sentiment que je pouvais apporter un peu d’originalité, en choisissant aussi des références méconnues, voire insolites. Mais pas que… Chercher l’équilibre entre toutes les visions des vins de Bourgogne m’a guidé. Des auteurs de cuvées simples, offrant un plaisir immédiat, aux amateurs de Grands Crus de la Côte de Nuits, je voulais que chacun ait sa place, que tout le monde s’y retrouve, consommateurs comme producteurs.

Y compris côté tarifs ?

Bien sûr ! Toutes les gammes de prix ont droit au chapitre dans ce livre, notamment les plus bas. Car, on trouve encore des vins bourguignons à la fois excellents et abordables. En témoigne – je l’espère – cette sélection, qui réunit des bouteilles coûtant de 5 à 1.000€.

Si l’exhaustivité vous a guidé, comment, concrètement, avez-vous établi cette liste de 111 vins ?

En deux temps, principalement. J’ai d’abord choisi les appellations par région que je voulais voir figurer et évalué le nombre de bouteilles pour chacune d’elles. Ensuite, pour « remplir les cases », j’ai mis à profit les expériences acquises comme technicien du vin à l’occasion de mon BTSA Viticulture et Œnologie, et puisé dans mes connaissances de journaliste spécialisé, tout en prenant soin de revisiter certains domaines et d’arpenter les salons professionnels pointus tel Les grands jours de Bourgogne…

Quels enseignements tirez-vous de ce livre ?

D’une part, une confirmation : il n’y a plus de place au soleil pour l’à-peu-près en Bourgogne ou, pour le dire autrement, pour des vignerons qui ne seraient pas œnologues ou qui pensent pouvoir se passer de leurs services. Ça n’existe plus. L’exigence qualitative est là, partout, quelle que soit la gamme de prix visée. D’autre part, des surprises, par dizaines. Celles qu’offrent toutes ces cuvées bien spécifiques, comme par exemple la solera « En Chemin Km 22.7 » du domaine Bouhélier ou les pinots gris du domaine Yann Boissenet, situé dans le Jovinien. Au fond, une fois le livre achevé, la Bourgogne des vignes et des vins m’est apparue encore plus riche que ce que j’imaginais.

Et si vous deviez retenir 3 bouteilles sur les 111 citées…

Laissez-moi re-parcourir le livre… Je dirais « Le Clos du Château », en AOC Chablis, du Château de Fleys et « La Comme », 1er Cru, en AOC Santenay, du domaine Louis Lequin & Fils. Chacune de ces maisons mériterait d’être davantage reconnue : elles produisent de grands vins, mais en toute discrétion. Et puis, dans un tout autre genre, j’ajouterais « A minima », en AOC Bourgogne Passe-tout-grains, de chez Trapet. Malgré leur succès, Jean-Louis et Andrée veillent à rester au contact des consommateurs, en les accueillant à bras ouverts et en développant des gammes plus accessibles…